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Hbsc Xris Blog - A la poursuite du réel, historique et scientifique, parce que 1984, nous y sommes presque.

Archéologie, Histoire de l'agriculture, de l'élevage, de l'alimentation, des paysages, de la nature. Sols, faunes et flores. Les sciences de la nature contre les pseudos-sciences, contre l'ignorance, contre les croyances, contre les prêcheurs de l’apocalypse.

3. Porteur d'eau à Paris 1858, l'histoire de l'alimentation en eau de la capitale. A la recherche du réel...

John James Chalon : le porteur d’eau, lithographie vers 1828, musée Carnavalet Paris.

John James Chalon : le porteur d’eau, lithographie vers 1828, musée Carnavalet Paris.

Sous le titre « Les ouvriers des deux mondes », la Société Internationale des Etudes Pratiques d’Economie Sociale (SIEPES) fondée par l’ingénieur des mines puis conseiller d’Etat Frédéric Le Play (1°) en 1857, publie à partir de 1857 et jusqu’en 1928, une longue série de monographies ouvrières et paysannes résultant d’enquêtes effectuées dans différentes régions de France, d’Europe ou du monde et dans différents milieux professionnels.

Les monographies s’attachent à dépeindre à la fois l’histoire familiale, les activités professionnelles, les budgets familiaux, l’alimentation. 

 

« Le porteur d’eau de Paris » est une monographie résultant d’une enquête menée en avril 1858 dans la famille d’un ancien berger du Cantal, devenu porteur d’eau à Paris par un enquêteur du SIEPES du nom d’Ernest Avalle.

 

Rappelons qui sont les membres de cette famille :

Gérard, le père de famille, né en 1812, à Saint Martial dans le Cantal, 46 ans en 1858, a épousé en 1845

Elisabeth, la mère de famille née en 1823, à Neuvéglise sur Truyère dans le Cantal, 35 ans en 1858.

A cette date, avril 1858, ils ont eu 5 enfants dont deux sont décédés, situation qui n’a rien d’extraordinaire dans la démographie encore meurtrière de l’époque…

-Jean Baptiste, né en 1846 à Paris, 12 ans en 1858

-Antoine Alfred, né en 1850 à Paris, décédé vraisemblablement en 1853 ?

-Enfant prénom inconnu, né peut-être en 1852, à Paris, décédé peu après sa naissance

-Marie Madeleine, née en 1853 à Paris, 5 ans en 1858

-Jules Augustin, né en 1856 à Paris, 2 ans en 1858

 

J’ai consacré les deux premiers articles à dépeindre 1. les motifs et les conditions dans lesquels Gérard, jeune berger du Cantal avait pu devenir porteur d’eau à Paris http://hbscxris.over-blog.com/2020/10/porteur-d-eau-a-paris-1858-la-vie-d-un-ancien-berger-du-cantal.a-la-recherche-du-reel.html et 2. le Paris de 1858 dans lequel Gérard, Elisabeth et ses enfants vivent au moment de l’enquête de 1858 http://hbscxris.over-blog.com/2020/10/porteur-d-eau-a-paris-1858-la-vie-d-un-ancien-berger-du-cantal.a-la-recherche-du-reel.html

 

Je souhaitais dans ce 3ème article dépeindre la profession principale de Gérard, porteur d’eau, sa profession secondaire, scieur et porteur de bois de chauffage, et son occupation occasionnelle de déménageur.

Il m’est apparu rapidement que dans la France métropolitaine de 2021… à moins d’être curieux en histoire, et plus spécifiquement en histoire de la vie quotidienne de nos ancêtres… à moins d’avoir voyagé dans ces pays qu’on appelait quand j’étais jeune le tiers monde mais qu’on appelle maintenant les pays en voie de développement, même si pour certains, on reste dubitatif…  à moins encore d’avoir plus de 50 ou 60 ans et d’avoir passé sa jeunesse dans certaines zones rurales de France métropolitaine où l’eau au robinet a attendu les années 1960…  le concept même de « porteur d’eau », pouvait ne pas être compréhensible.

Pas d’eau au robinet du logement, parce qu’il n’y a même pas de robinet ??? Naaaan pas possible…

 

Mais alors, allez vous me dire d’où venait l’eau de ces fontaines majestueuses dans les palais et palaces parisiens pour des riches et puissants qu’on voit sur des gravures ?

Et pour le commun, peut-être vos ancêtres, une branche de mes ancêtres, 99,99% des parisiens, d’où venait leur eau ?

Et pourquoi ces gens qui trimbalaient de l’eau dans des tonneaux ou dans des seaux, et qu’on appelait porteurs d’eau ?

Mais qu’est ce que c’est que tout ce binz ?

 

Alors avant de revenir à Gérard, Elisabeth et leur famille au prochain épisode, j’ai choisi d’essayer de résumer l’histoire de l’alimentation en eau de Paris, du moins jusqu’à la date de l’enquête : 1858.

 

 

Rappelons quelques points élémentaires :

L’eau est au coeur de la vie, bien sûr en priorité parce que tous les êtres vivants, végétaux ou animaux en utilisent pour leur métabolisme et l’absence d’eau prolongée les condamne tous à mort.

Ainsi en dépit de légères variations selon le climat et les circonstances, aucun humain ne peut, en moyenne, rester sans boire plus de 3 jours. Et bien sûr, les humains, du moins ayant dépassé le stade chasseur-cueilleur crudivore, utilisent également de l’eau dans tous les processus de transformation alimentaire de produits basiques, il en faut pour faire du pain et de la soupe de choux avec légumes secs et oignons, socles quotidiens de l’alimentation d’une grande partie des européens jusqu’au XIXème siècle, mais il faut aussi de l’eau pour cuire du riz à l’autre bout de la planète.

Il en faut aux éleveurs pour abreuver leur bêtes et faire pousser les pâturages qui nourriront le bétail. Il en faut aux agriculteurs pour faire pousser ce qu’ils ont semé, et les premières civilisations agricoles ont su rivaliser d’ingéniosité pour capter et stocker l’eau et construire les premiers systèmes d’irrigation.

Mais, et cela est parfois mal appréhendé, il faut également de l’eau pour toutes les industries aussi primitives soient-elles.

La plupart des fibres végétales doivent subir une macération dans l’eau appelée « rouissage », avant d’être travaillées. Les tanneries comme les teinturiers primitifs avaient déjà besoin d’eau.

L’eau intervient dans les processus de construction de bâtiments, comme de fabrication des objets les plus divers et les plus indispensables, pensons seulement au potier. Et bien avant que les moulins à eau du moyen âge actionnant des « marteaux hydrauliques » pour concasser et forger le fer, il en fallait déjà à l’âge du bronze pour faire des outils, des bijoux ou des armes ne serait ce que parce que les minerais doivent être lavés avant leur transformation.

C’est la raison pour laquelle, une des premières choses que l’on apprend en géographie urbaine ou rurale, est que les implantations humaines se font en principe toujours au bord d’un cours d’eau ou à défaut sur un site où de l’eau est facilement accessible.

 

Il existe pas mal de sites internet qui évoquent tout ou partie de l’histoire de l’alimentation en eau de Paris. On y lit des choses intéressantes, mais des sacrés bourdes et confusions également…

Alors finalement, mieux vaut se plonger dans les 2 X 800 pages de référence en la matière : le tome III « Des travaux souterrains de Paris » consacré aux « Anciennes eaux », paru en 1877 et le tome IV « Les eaux nouvelles » paru en 1882, tous deux rédigés par Eugène Belgrand, ingénieur des Ponts et Chaussées, qui devient en 1854, directeur du service des eaux et des égouts du Préfet Haussmann. Il est accessible directement sur Gallica et pour ceux qui voudrait connaitre le sujet à fond, ce sont des chefs d’oeuvre de précisions (1°).

Dans la préface, Eugène Belgrand y raconte une anecdote intéressante et révélatrice des méfaits du cloisonnement des spécialités littéraires dans un sens, et techniques ou scientifiques dans l’autre sens.

Souhaitant comprendre l’histoire des « eaux de Paris » avant le XIXème siècle (Tome « Les anciennes eaux »), il découvrit que tous les actes et ordonnances des autorités municipales de Paris entre le début du XVIème siècle et 1784 avaient été transcrits dans des registres formant une collection de 105 volumes manuscrits, et parmi ces actes, on trouvait tout ce qui concernait la gestion de l’eau dans la ville de Paris durant 3 siècles.

Eugène Belgrand obtint du Préfet de la Seine l’autorisation d’utiliser les élèves de l’école des Chartres (prestigieuse école d’archivistes-paléographes) pour lui déchiffrer et transcrire en français du XIXème tout ce qui concernait le service des eaux.

Malheureusement, il s’avéra assez vite que les élèves archivistes-paléographes, purs littéraires, ne parvenaient pas à saisir ni à transcrire les subtilités du jargon technique contenu dans les écrits anciens traitant « des eaux de Paris ».

Eugène Belgrand découvrit alors dans ses bureaux d’études, un jeune dessinateur et technicien des eaux du nom d’Emile-Etienne Mourot (2°). Ce dernier, né dans les Vosges, fils d’un modeste cordonnier, était entré en 1867 à la direction des eaux de la Seine et devait y faire une grande carrière. Emile-Etienne Mourot entreprit d’apprendre à déchiffrer les écritures des XVI-XVII-XVIIIème siècle, sans doute auprès de Chartristes ? et c’est lui qui parvint à transcrire tous les documents puisqu’il en comprenait tous les aspects techniques.

 

Résumons l’alimentation en eau de Paris de l’Antiquité au début du Second Empire  (ok, résumons, c’est une façon de parler…) :

 

1. La Seine :

Des habitats permanents le long de la Seine, datant du néolithique (-4000, -3000 avt JC), sont attestés bien avant la Lutèce de la tribu gauloise des Parisii et il est très vraisemblable que pour les premiers habitants l’eau de la Seine était la première sinon l’unique source d’eau quelqu’en soit son usage.

L’empereur romain Julien qui a séjourné à plusieurs reprises dans la ville à partir de 357 après Jésus Christ, évoque dans ses écrits la consommation usuelle de l’eau de la Seine par les habitants, eau qu’il estimait de bonne qualité.

Ce sont cependant les romains, maître de la Gaule de -52 avt JC à la fin du Vème siècle qui ont doté la ville qui allait s’appeler Paris de ses deux premiers aqueducs.

 

2. La courte histoire des aqueducs romains :

L’aqueduc romain dit « d’Arcueil », dont l’histoire avait gardé le souvenir, était long de 16 km dans sa partie principale. Il amenait des eaux provenant de Wissous, Rungis et Paray qui cheminaient sur près de 9 km supplémentaires. Il alimentait principalement les thermes dit aujourd’hui de « Cluny », deux autres thermes situés rive gauche, plus mal connus mais contribuait également à l’alimentation en eau du plateau de la rive gauche, où les puits manquaient et où les pentes rendaient pénibles les trajets pour aller chercher l’eau dans la Seine. Il pourrait avoir été construit entre le Ier et IIème siècle et aurait cessé de convoyer de l’eau avant le début du haut moyen âge, fin du Vème siècle, faute d’entretien sur son parcours.

 

L’aqueduc romain dit « de Chaillot », du nom de la colline d’où on supposait provenir les sources était inconnu, jusqu’à sa découverte au XVIIIème siècle. En fait Belgrand a démontré qu’il devait amener des sources en provenance du village d’Auteuil et non de la colline de Chaillot. Long de 5 km, il alimentait probablement des thermes disparus se trouvant dans le secteur des jardins du Palais Royal et de riches villas romaines environnantes dans une zone située alors hors de la ville. Il pourrait avoir été en service au cours des IIIème-IVème siècle de notre ère.

Remarquons que dans les deux cas, ces aqueducs alimentaient des constructions s’éloignant de la Seine à près de 400 mètres pour le secteur du Palais Royal, à un peu plus de 200 mètres pour les thermes de Cluny.

 

3. Les puits

Et on comprend bien qu’au fur et à mesure du développement de la ville de Paris, vers le sud comme vers le nord, on s’éloignait des berges de la Seine et plus on s’en éloignait plus il était long et fastidieux d’aller y puiser de l’eau ou lorsqu’on avait les moyens financiers, coûteux de s’en faire porter.

Il fallait donc trouver d’autres ressources en eau.

A Paris, ce n’était pas très compliqué, la géologie du sous sol offrait une vaste nappe aquifère située entre 5 et 10 mètres de profondeur et il y était en principe assez facile de creuser. En conséquence, dès son origine, la ville de Paris fut particulièrement bien dotée en puits. On peut dire que dès que la ville s’étend quelque peu, chaque nouvelle construction ou presque se complétait du creusement d’un puits.

Certains petits reliefs comme la montagne Ste Geneviève (5ème ardt actuel, secteur Panthéon) faisaient exception et il fallait aller chercher l’eau à 30 mètres de profondeur ou plus. On imagine pour remonter les seaux !

 

En raison de la géologie du sous sol, les eaux des puits contenaient naturellement des quantités importantes de sulfates et de carbonates de calcium ce qui en faisait une eau assez dure. Elles n’étaient guère appréciées de tous comme boisson, si ce n’est pour leur fraicheur en été.

En outre, une eau chargée en calcaire cuit mal les légumes, ce qui impose des cuissons plus longues et entraîne un coût plus élevé en combustible. A cet égard, Belgrand mentionne l’usage d’un « nouet » de linge rempli de carbonate de potassium dans l’eau de cuisson des légumes pour contrer le calcaire. Une eau très calcaire n’est pas adaptée non plus au lavage du linge et ce n’était pas un hasard si au XIXème siècle, les bateaux-lavoirs commerciaux étaient si nombreux sur la Seine.

 

Les eaux des puits étaient cependant largement utilisées pour abreuver les animaux, nettoyer à « grande eau », arroser les maraichages urbains et servaient bien sur à des usages artisanaux ou encore à la construction.

En ce qui concerne l’abreuvement des animaux, pour ceux qui n’ont pas idée de la question, s’agissant de bêtes vivant en milieu urbain et n’allant jamais au pâturage, et qui par conséquent, sont alimentés en « sec » à longueur d’année, il faut, pour un cheval, 30 à 60 litres/jour selon son travail et la chaleur, et pour une vache allaitante d’une étable de ville, sans doute dans les 50 à 80 litres par jour. Ce dernier chiffre est volontairement assez bas pour tenir compte du fait qu’avant les sélections du dernier siècle, les vaches étaient plus petites et produisaient beaucoup moins de lait.

 

Les siècles passant, l’habitat s’était densifié et les communications par infiltrations entre fosses d’aisance et puits souvent distant de seulement quelques mètres devenait inévitables. Et rappelons que sous la plus grande partie de la surface parisienne, la nappe d’eau était à faible profondeur. Les sols de surface n’étant pas pourvus de revêtement imperméabilisant, une partie des eaux de surface s’infiltrait forcément. On a déjà expliqué les « plombs » d’immeuble (évacuation des eaux ménagères), qui avant la construction du grand réseau d’égouts, partent dans les ruisseaux de rue, les déjections des chevaux sur la voie publique, mais aussi le purin qui pouvait provenir des étables de ville. Les humains ne sont pas en reste.

Rendons nous compte que dans une ville comme Paris, il a fallu attendre le mi XVIème siècle (+ ou - 300 000 habitants) pour que soit édicté l’obligation d’une fosse d’aisance par maison ou immeuble. L’étanchéité et les vidanges de ces fosses sont progressivement réglementées et il devient interdit de jeter urines et excréments à la rue. Et pourtant au début du XIXème, même si cela est interdit, on se soulage souvent dans la rue ou on jette à la dérobée le pot de chambre par la fenêtre ou dans le « plomb » de l’étage.

Et n’oublions pas les maraichages parisiens, qui même s’ils ne sont pas si nombreux que cela à l’intérieur du mur des fermiers généraux, ne se rentabilisent fin XVIII et XIXème guère plus que par la vente de légumes forcés. Qui dit légumes forcés, dit couches chaudes et des rentrées annuelles de 200 à 800 tonnes de fumier/ha ! Comme cela s’accompagnait d’un arrosage généreux qui complétait le déjà pluvieux climat parisien, on imagine ce qui passait dans la nappe…

Et bien sûr il y a les écoulements sauvages des artisans et industriels, certains se déversent même dans des puisards donc infectent directement les sous sols. Curieusement, la généralisation de cette solution fut envisagée au XIXème siècle. et parfois expérimentée à assez grande échelle comme à la voirie de Bondy.

 

Dernière source de pollution de la nappe alimentant les puits parisiens au cours des siècles, et pas des moindres même si elle est peu connue : les cimetières.

Traditionnellement, la plupart étaient à côté des églises paroissiales de la ville et les aristocrates et gens très aisés étaient enterrés dans les sous sols de l’église où les dalles étaient finalement des pierres tombales.

Les gens modestes et pauvres partaient dans un simple linceul dans des fosses communes où on les entassait par centaines à la fois. On refermait la fosse quand elle était pleine ce qui allait plus ou moins vite selon les périodes. De toutes façons, peu importaient les odeurs dans une ville déjà pestilentielle. Après décomposition, plus ou moins satisfaisante, on ré-ouvrait la fosse et on entassait les os dans des ossuaires, et le fosse était remplie une nouvelle fois. Dans des cimetières dont les plus anciens dataient de l’antiquité, on imagine l’état des sols.

Emblématique était la situation du cimetière des Innocents, à peu près 1 ha et 15 siècles d’utilisation (actuel quartier des Halles, Paris 1er). Desservant l’Hotel-Dieu et plusieurs paroisses, il était totalement saturé. On avait donc construit sur les côtés, des bâtiments partiellement ouverts qui étaient des « charniers » où on mettait à finir de décomposer les corps que l’on était obligé de sortir trop vite des fosses communes en raison de rotations trop rapides. En 1780, des charniers saturés bordant la rue de la Lingerie s’effondrent dans les caves d’un immeuble. D’autres immeubles se fissurent et les sous sols suintent des liquides indescriptibles. Les parisiens n’en peuvent plus, la décision est prise de raser le cimetière et de déménager les ossements dans les catacombes.

Les charniers du cimetière des Innocents au début du démantèlement, Gravure de Charles Louis Bernier en 1786, Source BNF

Les charniers du cimetière des Innocents au début du démantèlement, Gravure de Charles Louis Bernier en 1786, Source BNF

A partir de là, début XIXème, les cimetières parisiens à l’intérieur du mur des fermiers généraux sont fermés les uns après les autres au grand soulagement des parisiens et Paris exporte ses morts dans les nouveaux cimetières ouverts dans ce qui est alors la banlieue comme sur le site de l’ancienne propriété d’un certain François d’Aix de la Chaise, dit « père la Chaise », confesseur de Louis XIV, dans une commune qui était alors le village de Charonne

 

De la fin du moyen âge au début XIXème avec la densification de l’habitat, l’eau des puits parisiens était donc de moins en moins consommable au quotidien comme boisson tant en certains endroits, elle avait des « goûts » et des odeurs des plus douteuses.

 

Néanmoins, Belgrand mentionne que de nombreux puits parisiens sont équipés de pompes en 1829, entendons nous bien « pompes à bras ». Les pompes à bras sont des systèmes d’élévation des eaux d’un puits qui consiste en un cylindre dans lequel circule un piston, lequel descend et remonte grâce à un bras mobile actionné à la main.

Connues dès l’Antiquité, les pompes à bras sont davantage utilisées à partir des XVIème-XVIIème siècle mais deviennent progressivement moins coûteuses (comme tout) grâce à la révolution industrielle à partir de la fin du XVIIIème siècle.

Leur grande époque est donc le XIXème et la 1ère moitié du XXème siècle mais il va bien sûr de soi que si l’effort était fait d’investir dans une pompe, ce n’était pas pour en faire un élément de décor.

Ces pompes permettaient de remonter l’eau bien plus facilement et rapidement qu’au seau qu’il fallait descendre et remonter péniblement à la manivelle s’il y avait un treuil  ou en tirant sur la corde si celle ci était simplement passée dans une poulie. En outre, les pompes offraient une sacrée sécurité d’une part parce qu’elles reposaient sur une dalle, donc l’orifice du puits était bouché, d’autre part, parce qu’il n’était plus nécessaire de se livrer à une acrobatique récupération du seau suspendu en dessous du treuil ou de la poulie.

Pourquoi acrobatique ? Parce qu’il fallait se pencher par dessus la margelle, parfois dangereusement pour récupérer le seau en élévation juste en dessous du trou béant, la technique consistant, en principe, à faire balancer le seau doucement pour pouvoir l’immobiliser au dessus de la margelle et le reposer sur celle-ci pour le récupérer . Bref, ceux qui sont assez vieux pour avoir eu l’occasion d’aller chercher de l’eau à un puits étant enfant, me comprendront. Et traditionnellement, on y envoyait les enfants…

Donc pendant la plus grande partie du XIXème siècle, l’eau de ces puits était encore largement utilisée à des fins domestiques, et à des usages industriels ou artisanaux. On sait que certains métiers alimentaires comme la boulangerie pouvait en faire usage pour la confection du pain ou que les bouchers les utilisaient pour laver leurs billots, outils, récipients.

 

4. Les aqueducs médiévaux des sources du nord : Belleville et le Pré Saint Gervais

Alors bien sûr, on avait cherché au cours des siècles d’autres solutions que les puits…

L’aqueduc de Belleville a pour origine le captage médiéval de la source de Savies (actuelle rue de Savies, quartier de Belleville à Paris 20ème) par des institutions religieuses ,à leur profit. Complétée par d’autres captages de sources, l’aqueduc qui s’étend, alimente progressivement des fontaines publiques parisiennes, mais la mauvaise qualité des eaux les font réserver au « lavage » du grand égout dès le milieu du XVIIIème.

L’histoire de l’aqueduc du Pré Saint Gervais est un peu obscure pour cause de disparition des archives. On sait qu’il a vraisemblablement pour origine, au cours du XIIème siècle, un captage, à leur profit également, par les religieux du prieuré de Saint Lazare, de plusieurs sources provenant des collines du Pré Saint Gervais. Consacrée à la gestion d’une léproserie, la communauté religieuse occupait en bâtiments et en terres agricoles une trentaine d’hectares juste au sud ouest de ce qui est aujourd’hui la gare du Nord à Paris 10ème.

Les tracés de deux aqueducs médiévaux sont bien connus. Leur débit a toujours été assez faible et il était fortement affecté par les sécheresses…

A partir de la fin du XIIème siècle, la royauté fait prolonger ces aqueducs pour alimenter quelques fontaines parisiennes comme la fontaine des Innocents, mais quelques princes, grands seigneurs, institutions monastiques et puissants bourgeois parisiens profitent de largesses royales leur permettant de dériver une partie des eaux pour leurs usages personnels.

Pour ces rares privilégiés, c’était non seulement gratuit, mais à l’origine l’eau reçue n’était pas limitée en quantité mais uniquement par le diamètre de la conduite tel qu’il était défini dans leur « concession ». Un des nombreux exemples cités par Belgrand : « 14 avril 1531 : concession d’un fil d’eau de la grosseur d’un grain de vesce à tirer du tuyau des filles Repenties, accordée à messire Jehan de la Barre, gouverneur de Paris ».

Cependant, c’est à partir du XVIème siècle que se développent des systèmes de réservoirs pour ne pas perdre les eaux de la nuit et que se répandent robinets et systèmes de jauges pour limiter les consommations d’eau.

En 1554, dans un contexte de pénurie d’eau, une intense sécheresse ayant duré une vingtaine d’années selon Belgrand, Henri II tente de mettre fin aux concessions des privilégiés. Peine perdue, on ne touche pas aux privilèges des puissants du royaume.

Dans la décennie 1850, Belgrand mesure une moyenne annuelle de 800m3 / 24 h pour les 2 aqueducs en année très humide et 200m3 /24h en année très sèche ce qui faisait de sacrés variations de débit !

 

5. L’aqueduc d’Arcueil

Dès le XVIème siècle, la pénurie d’eau est criante rive gauche dans le quartier de l’université qui s’est développé sur les pentes de la montagne Ste Geneviève. Les puits sont profonds et peu pratiques et à défaut, il faut descendre jusqu’à la Seine pour chercher de l’eau.

Mais cela ne change que lorsqu’à partir de 1613, lorsque Marie de Médicis, veuve d’Henri IV et régente pour son fils Louis XIII, fait construire un palais sur les vastes terrains d’un hôtel particulier situé rive gauche, racheté à un certain François de Luxembourg. Bien évidemment, une riche demeure royale et ses jardins n’étaient pas concevables sans eau.

Déréchef, on va rechercher pour « Madame la régente» les sources de l’ancien aqueduc romain d’Arcueil, et on reconstruit une nouvel aqueduc dit d’Accueil également, assez monumental, plus ou moins en parallèle de l’ancien. Le nouvel aqueduc est opérationnel en 1624.

Comme, il y a du « reste » pour le peuple de Paris, 14 fontaines publiques dont 10 rive gauche étant alimentées avec cette eau. Or période de sécheresse, le débit moyen de l’aqueduc était de 960m3 d’eau en 24h (débit lors de la sécheresse de 1859, moins de 300m3 / 24h tout l’été et jusqu’à 241 m3 le 1er septembre) mais les 2/3 de l’eau reçue via l’aqueduc était attribuée au Palais du Luxembourg, au Louvre, aux Tuileries et à divers autres influents privilégiés bénéficiant de dérivations de canalisations à leur usage privé.

6. Les pompes de la Samaritaine et Notre Dame

Il est donc peu étonnant que l’on se soit à nouveau tourné vers la Seine en mettant à profit  les savoirs et expériences acquises dans la technologie des moulins hydrauliques pour les adapter à un pompage de l’eau à assez haut débit, du moins pour l’époque.

La première machine hydraulique destinée à pomper l’eau de la Seine a été construite sous Henri IV au début du XVIIème siècle. Les registres de la ville de Paris sont assez obscurs à son sujet car elle n’était destinée qu’à l’alimentation du palais du Roi, à cette époque, le Louvre, puis ultérieurement à l’alimentation du palais des Tuileries.

Comme il y avait également un « surplus » d’eau, des concessions furent à nouveau accordées à des privilégiés, et à des institutions religieuses, certaines reconnaissons le, ayant au moins une fonction hospitalière le justifiant.

Une fois tout le beau monde servi, un reliquat d’eau de Seine pu tout de même alimenter quelques fontaines publiques. Quelle générosité royale !!!

La pompe avait été implantée à la 2de arche du pont Neuf, côté Louvre. Pour mémoire, comme son nom ne l’indique plus aujourd’hui, le pont Neuf est le plus ancien pont de Paris construit fin XVIème-début XVIIème, mais en son temps, il était neuf…

Remaniée et restaurée début XVIIIème, cette première machine hydraulique sera connue sous le nom de la pompe de la Samaritaine en raison de sa décoration par une statue censée représenter Photine, une femme de la province de Samarie, (d’où la Samaritaine) que Jésus rencontre au puits de Jacob, selon un récit des évangiles.

La grande roue à aubes de la pompe de la Samaritaine faisait 5,20 mètres de diamètre et actionnait 4 pompes à piston. Elle pouvait amener aux palais Royaux plus de 700m3 d’eau en 24h, comme quoi, à cette époque, tout le monde ne manquait pas d’eau !

Mal entretenue au cours du XVIIIème, endommagée par les révolutionnaires, la pompe de la Samaritaine est détruite sous le 1er empire.

Source : Eugène Belgrand "Les anciennes eaux"

Source : Eugène Belgrand "Les anciennes eaux"

C’est à la suite de 3 graves sécheresses successives 1667-68-69 qui affectent durement la population parisienne qu’est pris la décision par la municipalité parisienne d’élever au niveau du pont Notre Dame, de nouvelles pompes destinées à alimenter des fontaines publiques.

Bis et ter répétita, une poignée de gens puissants et influents et des institutions religieuses en profitent encore pour se faire attribuer des concessions d’eau pour leurs propriétés mais le temps de la gratuité n’est plus guère de mise. Il faut désormais plus souvent acheter le « droit » d’avoir une canalisation et les prix sont plus ou moins élevés à la tête du client, c’est à dire selon sa puissance et les protections dont il bénéficie. Mais comme les concessions gratuites, les concessions payantes se lèguent et ce n’est pas rien…

 

De conception assez proche de celle de la Samaritaine, les pompes de Notre Dame sont rapidement mises en place puisqu’elles bénéficient des infrastructures des deux moulins, le petit et le grand, dans lequels elles sont installées. Elles sont en fonction dès 1673 mais ne parviennent guère à élever plus du 1/10ème des 575 m3 quotidien attendus. Faisant l’objet de nombreuses modifications au cours du XVIIIème siècle, leur rendement s’améliore considérablement.
Au moment de leur démolition imposée par la reconstruction du pont Notre Dame en 1858, les pompes parvenaient à monter près de 1000 m3 d’eau/jour.

Source : Eugène Belgrand "Les anciennes eaux"

Source : Eugène Belgrand "Les anciennes eaux"

7. Les pompes à feu de Chaillot et du Gros Caillou

Dans la 2ème moitié du XVIIIème siècle, la pénurie en eau des parisiens était devenue d’autant plus sérieuse que la population avait augmenté et que les aqueducs et pompes hydrauliques sur la Seine fournissaient une ressource variable et incertaine selon les conditions climatiques.

C’est dans ce cadre qu’en 1776, un nommé Perrier se propose d’utiliser les nouvelles technologies que sont les machines à vapeur, et de construire des pompes dites « à feu », comprenons machines à vapeur actionnées au charbon, sur le bord de la Seine pour y pomper l’eau qui sera stocké dans des réservoirs situés sur des points hauts, et de là d’assurer dans Paris, une distribution régulière de l’eau.

Le projet est approuvé et une société par actions est créé « La Compagnie des eaux de Paris ». Les investissements importants devaient être rentabilisés par le biais d’abonnements pour de riches particuliers et pour les nombreux industriels faisant alors partie du tissu urbain parisien. Le peuple parisien n’était pas oublié car un nouveau réseau dense de fontaines dites « marchandes » car l’eau y serait payante, devait être créé.

La première pompe à feu, celle de Chaillot, est achevée en 1781, elle a été conçue pour pouvoir à plein régime et sur 24h remonter 13700 m3 d’eau jusqu’aux réservoirs. Les 4 réservoirs établis sur la colline de Chaillot servaient de bassins successifs de décantation et de châteaux d’eau et c’est à partir de ces derniers que l’eau était envoyé dans le réseau de canalisations nouvellement créé. Le système de décantation d’une eau de la Seine plutôt sale à l’époque n’était sans doute pas très au point, car Belgrand décrit l’eau des bassins comme absolument fétide lors de l’été certes particulièrement chaud et sec de 1858. Heureusement à cette date, les eaux des fontaines marchandes étaient filtrées, enfin de manière à peu près acceptable...

Une seconde pompe à feu, celle du Gros Caillou est mise en service avant 1786. Les eaux sont relevées dans une cuvette située au sommet d’une tour.

Les travaux sont coûteux, d’autres actions sont émises, mais la confiance des investisseurs fait flamber le cours de ces dernières. C’est dans ce contexte, que le comte de Mirabeau, qui ne semble pas avoir eu plus de connaissances en économie qu’en systèmes d’adduction d’eau, publie une série de pamphlets critiquant le montage financier, le système de paiement et arguant que l’approvisionnement en eau est surdimensionné, les parisiens n’ayant pas besoin de tant d’eau. Il propose un service public des eaux de Paris, via l’approvisionnement à des fontaines toutes gratuites et ce sur la base d’un débit de 10 litres par jour et par habitant.

Les pamphlets de Mirabeau rencontrent un franc succès et les investisseurs prennent peur, la révolution française survient sur ses entrefaites et la Compagnie des Eaux de Paris est en quelque sorte « nationalisée » pendant la révolution.

La troisième pompe à feu qui devait être construite quai de la Gare (alors gare à bateaux), futur quai d’Austerlitz, vers la Pitié-Salpêtrière ne verra le jour qu’en 1848 pour alimenter principalement les nouvelles gares d’Orléans (Austerlitz) et de Lyon ainsi que l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière et l’abattoir de Villejuif, qui était situé entre le boulevard de l’Hôpital et le mur des fermiers généraux (actuel boulevard Vincent Auriol)

Base du plan : https://photostereo.org/photos/coll/marques/coll_planparis1839.pdf

Base du plan : https://photostereo.org/photos/coll/marques/coll_planparis1839.pdf

Début XIXème siècle, Girard, ingénieur du service des eaux de la la ville de Paris estimait qu’en moyenne 8081 m3 d’eau était distribués chaque jour dans Paris. L’aqueduc du Pré St Gervais débitait 173 m3, celui de Belleville, 115 m3, celui d’Accueil 960 m3, la pompe de la Samaritaine en mauvais état plus que 403 m3, la pompe Notre Dame 921 m3, la pompe à feu de Chaillot 4165 m3, celle du Gros Caillou 1344 m3, ces deux dernières pompes n’étant alors plus qu’au tiers ou au quart de leurs capacités. Par exemple, on actionnait qu’une seule des deux pompes de la machine du Gros Caillou et en principe la pompe ne fonctionnait que 11h par jour, il est vrai à raison de 100 kg de charbon à l’heure.

A titre de comparaison, lorsque Belgrand écrit « Les eaux de Paris », au  milieu des années 1870, 300 000 m3 sont distribués tous les jours, en eau potable et non potable puisque Belgrand a créé un réseau distinct pour le nettoyage des rues et les « chasses » des égouts ».

 

8. Le canal de l’Ourcq

L’histoire du canal de l’Ourcq n’est, à ses origines, aucunement liée à l’alimentation en eau de Paris.

La possibilité en est évoqué à partir du courant XVème siècle lorsque l’administration parisienne commence à s’inquiéter du manque de ressources proches en bois de chauffage et d’oeuvre pour une population qui approche les 300 000 habitants. Paris commence alors à se relever démographiquement d'un siècle écoulé particulièrement meurtrier :

Première terrible épreuve, la grande peste noire qui a frappé la ville à partir d’août 1348 et qui en quelques mois a tué un tiers de la population parisienne, peut-être plus. L'épidémie initiale est suivie de cycles de retour de l'épidémie tous les 5-10 ou 20 ans, certes moins meurtrières progressivement mais tout de même sévères et ce jusqu'au début du XVIIème

Deuxième épreuve, la guerre de cent ans, de 1337 à 1453 qui même si elle n’est pas permanente ni forcément meurtrière en soi, n’en génère pas moins instabilité économique et troubles frumentaires alors même que les conditions climatiques ne sont plus globalement aussi favorables que sous l’optimum médiéval.

Mi XVème-début XVIème, les édiles parisiens se tournent donc vers le nord est de la capitale et ses vastes forêts. Ils jettent notamment leur dévolu sur la grande forêt de Retz autour de Villers-Cotterêts, à environ 80 km au nord est de Paris. Le projet est alors conçu de rendre navigable la rivière Ourcq, qui à partir de Silly la Poterie, un village au sud de la forêt et aux débouchés de rus forestiers, pourrait conduire les bois jusqu’à la Marne dans laquelle elle se jette ; Marne qui, rappelons le, se jette dans la Seine, juste avant Paris.

Mais rien ne sera simple, car les sols sur lesquels s’écoulent l’Ourcq ont une géologie peu adéquate pour une « canalisation » aisée de la rivière, du moins au regard des connaissances et des techniques de l’époque.

Pendant deux siècles ponctués de guerres et de troubles politiques, quelques campagnes de travaux se succèdent, sans autre résultat que la ruine des entrepreneurs qui ont tenté l’aventure.

Finalement mi XVIIème siècle, les premières cargaisons de bois en provenance de la forêt de Retz arrivent dans les ports parisiens via le canal puis la Marne et la Seine.

Il faut cependant attendre un siècle de plus pour qu’on envisage de prolonger ce canal en direction du nord de Paris, sans passer par la Marne, de sorte à en faire non seulement un moyen de transport mais également une source d’alimentation en eau pour Paris, facilement distribuable en une grande partie de la capitale, grâce au pendage favorable permettant de la pression dans les canalisations.

C’est Napoléon 1er , encore 1er Consul, qui décide de lancer les travaux en 1802. Les travaux commencent par le creusement du bassin de la Villette à Paris et progressent depuis Paris vers l’amont. Si le bassin de la Villette est mis triomphalement en eau dès 1808, alimentant quelques fontaines parisiennes, c’est parce qu’arrivé à Claye-Souilly à une trentaine de km de Paris, on a intercepté au passage les eaux de la Beuvronne, qui se jette normalement dans la Marne. C’est d’autant plus symbolique que le cours d’eau est d’un faible débit et que ses eaux sont de piètre qualité.

En réalité, le canal ne rentre véritablement en exploitation qu’en 1824. Mais des travaux d’amélioration vont se poursuivre au long du XIXème siècle.

Cela étant dès le second quart du XIXème siècle, le débit de l’Ourcq permet de multiplier les bornes fontaines de la capitale, grâce à un réseau important de canalisations ponctuées de châteaux d’eau et réservoirs, un grand nombre à ciel ouvert.

Source Gallica : Bancé « Les fontaines de Paris, anciennes et nouvelles » 1828

Source Gallica : Bancé « Les fontaines de Paris, anciennes et nouvelles » 1828

Entre temps, à partir de 1837, Rambuteau a entrepris non seulement de compléter et améliorer le réseau d’eau mais également de remettre à plat les concessions d’ancien régime qui « pirataient » les conduites.

En effet, si la révolution française avait fait disparaitre corps et biens certains concessionnaires et leurs descendants, ce n’était pas le cas de tous.

Les concessions payantes, on en retrouve 112, sont progressivement rachetées par l’administration municipale à un prix imposé en fonction de l’ancien diamètre de conduite accordé et les concessions gratuites, 204, sont purement et simplement abolies. Pour des raisons tant juridiques, que techniques et financières, le processus fut lent, près de 30 ans.

Cette réforme permet de jeter les bases d’un système moderne de fourniture d’eau payante dans les maisons, immeubles et industries, par abonnement annuel à une base journalière de m3 d’eau fourni.

 

9. Les puits artésiens

Il s’agit de puits dont jaillit naturellement une eau provenant d’une nappe sous pression.

Pour qu’une nappe d’eau soit sous pression, il faut qu’il existe des conditions géologiques particulières, et notamment un pendage des couches géologiques qui soit favorable. Ce qui fait qu’un puits artésien n’est pas forcément profond, mais qu’il n’est pas possible non plus en tout lieu.

A Paris, au début du XIXème siècle, la géologie du sous sol commence à être à peu près correctement appréhendée. Des ingénieurs ont déterminé qu’il doit être possible de faire jaillir une nappe d’eau à grande profondeur, celle des sables de l’Albien, estimée alors à plus ou moins 400 mètres sous le niveau du sol parisien et de nouvelles techniques de forage et tubage issues de la révolution industrielle rendent envisageable l’entreprise.

Sous l’impulsion du scientifique François Arago, soutenu par Héricart de Thury, un des fondateurs et président de la SNHF (Société Nationale d’Horticulture de France), les travaux de ce qui va s’appeler le puits artésien de Grenelle commencent en 1833, dans la cour des abattoirs de Grenelle, nommés ainsi à cause de la proximité du village de Grenelle, mais bel et bien situés dans l’enceinte des fermiers généraux, face à la place de Breteuil (actuel 7ème ardt).

L’eau jaillit enfin en février 1841, mais contrairement à la légende, elle n’est pas parfaitement fraiche et limpide, mais sort tiède et chargée de sables. Il faut donc la filtrer. Hormis ces détails, elle est évidemment d’excellente qualité et les médecins la conseillent contre les innombrables « maux de ventre » qui affectent la population parisienne.

En 1858, le forage du puits artésien de Passy est déjà en cours et d’autres suivront…

 

10. Quid de la qualité de ces eaux ?

La pire était sans doute l’eau des puits :

Le chimiste et agronome Boussingault a procédé dans la décennie 1850 à des analyses d’eau des puits parisiens.

Même s’il faut manier les chiffres avec prudence car on ne mesure pas forcément les mêmes choses qu’aujourd’hui, et on ne dispose pas de la même technologie bien évidemment, il n’en reste pas moins que les puits parisiens de son époque sont fortement chargés en matières azotées.

Essayons de parler simplement d’une question complexe, celle des nitrates que l’on mesure aujourd’hui fanatiquement dans l’eau. Ils ont pour formule chimique NO3- ce qui implique qu’un gramme de nitrates contient 23% d’azote (N= Azote). Actuellement la limite admissible des nitrates contenus dans l’eau du robinet est de 50 mg/l ce qui revient 0,05 gr/l soit 0,0115 gr d’azote (1°).

Ce que mesure Boussingault en son temps, ce sont les teneurs en Ammoniac NH3, Nitrate de Potassium KNO3, Nitrate de Calcium, Ca(NO3)2.

Sans énumérer toutes les résultats, attardons nous sur les taux de nitrates de potassium trouvés dans les puits alimentant l’arrosage des jardins de deux maraichers parisiens : 1,546 gr/l, soit 0,93 gr/l pour la fraction nitrates ou encore 0,21 gr d’azote/l. Ils devaient vendre de sacrés beaux légumes ! Attardons nous également sur l’eau du puits qu’utilise pour faire son pain, la boulangerie centrale des hospices de Paris. Elle était située rue Scipion à Paris 11ème (actuel Paris 5ème), dans un ancien hôtel particulier ayant appartenu à Scipion Sardini, un banquier de Marie de Médicis.

Au temps de sa construction, fin XVIème, l’hôtel particulier était encore à peu près dans une zone plutôt « verte » mais en 1858, il était désormais assez mal entouré entre l’infecte Bièvre, la polluante Manufacture des Gobelins et les déjections du marché aux chevaux. Le chimiste y mesure 0,31 g de nitrates de potassium au litre, ce qui revient à 0,19 gr de nitrates (3°). De quoi faire blêmir nos bobos écolos hypocondriaques Parisiens du XXIème siècle qui régulièrement glapissent au scandale pour des analyses révélant ponctuellement des valeurs approchant 0,04 gr !

Et encore ces analyses ne disaient rien des micro-organismes (bactéries, virus, parasites, champignons…) présents dans l’eau de ces puits.

 

Les eaux des aqueducs ne faisaient l’objet d’aucun contrôle, ni filtration mais avaient l’avantage de provenir de sources à peu près saines et de circuler en souterrain. Leur clarté variait tout de même selon les conditions météorologiques et les incidents de parcours, infiltrations sur un tronçon, détériorations par racines, éboulements, épanchements polluants ou travaux à proximité des aqueducs… Et bien sûr toute notion de teneur microbienne était inconnue.

L’eau d’Arcueil avait cependant une très bonne réputation au niveau de la clarté, du goût et la réputation d’être toujours fraiche.

 

Les eaux puisées dans la Seine au niveau de la pompe de la Samaritaine ou de la pompe Notre Dame et renvoyées dans des canalisations de fontaine ne furent, jusqu’au XIXème siècle filtrées que par des grilles métalliques, nettoyées régulièrement. On sait cependant que la pompe Notre Dame a fait l’objet d’essais de filtrage à la laine entre 1839 et 1847.

En dépit de tout ce qui pouvait « trainer » dans les eaux de la Seine, celles-ci étaient en grande faveur chez les parisiens.

 

Jugées, moins souillées que les eaux de la Seine, les eaux de l’Ourcq, n’en était pas moins celles d’un canal à ciel ouvert sur plus d’une centaine de kilomètres recueillant sur son passage tout ce qu’on voulait y jeter, des rejets des tanneries de la Ferté-Milon, aux déjections et déversements ménagers quotidiens des mariniers vivant sur leurs flûtes, ces longues péniches étroites du canal chargées de bois, farines, foins, pailles, pierres de tailles, plâtre, cuirs, tissus, poteries en provenance d’une vaste région autour de la forêt de Retz et bordant le canal. Comme pour les eaux de la Seine, des systèmes de grilles filtraient grossièrement les bouches de départ des différents réseaux de canalisation qui, depuis le bassin de la Villette, conduisaient l’eau de l’Ourcq dans Paris.

Les eaux de la Seine et de l’Ourcq avaient en outre l’inconvénient de parvenir aux fontaines, tièdes ou chaudes en été, et d’être sensibles au gel en hiver, n’amenant qu’un mince filet d’eau glacée.

En raison de leur teneur naturellement élevée en calcaire, rendant difficile leur utilisation ménagère, les eaux de l’Ourcq étaient moins appréciées que les eaux de la Seine.

Dans les années 1850, il peut exister une confusion sur la provenance en eau de telle ou telle fontaine. En effet, de nombreux réservoirs surélevés ont été crées pour constituer des châteaux d’eau et des « bouclages » ont parfois été opérés entre les différents réseaux.

Dans un mémoire présenté à l’Académie en 1861 « De l’emmagasinement et de la salubrité des eaux de Paris », Eugène Bouchut médecin hospitalier et professeur de médecine se livre à une description de l’eau de ces réservoirs, en général à ciel ouvert : moisissures, algues, déchets flottants divers, animalcules (minuscules organismes visible à l’oeil nu ou micro-organismes observables au microscopes) voir crustacées et poissons… Une revue de « bouillons de culture ».

 

Si des compagnies privées vendant de l’eau de Seine pompée et filtrée par leur propre moyen apparaissent dès la fin du XVIIIème siècle, elles sont de peu d’importance car les quantités d’eau qu’elles vendaient n’étaient pas conséquentes.

Citons tout de même à partir de 1806, la Compagnie marchande des Célestins située au niveau de l’actuel quai des Célestins qui pompait l’eau de la Seine à l’aide de manèges à chevaux, moyennant une redevance à la ville de Paris de 0,18 fr le m3. Elle la filtre au travers d’un système complexe débutant par un couche d’éponges et se poursuivant par un filtre à charbon inséré entre deux couches de sable, elles mêmes pressées entre deux couches de graviers.

Dans les années 1850, les installations de l’établissement s’étalaient sur 5000 m2 dont 2000 m2 de surface au sol occupée par les filtres pour un débit journalier qui ne pouvait dépasser 300 m3. L’eau passait pour être d’excellente qualité. Il en coûtait, en 1863, 0,10 fr les 20 litres soit 5 fr le m3 avec un service de transport à domicile. L’eau filtrée étant peu rentable, la société en transformait une partie en eau de Seltz ou limonades, dites alors « gazeuses ». Elle revendait également des eaux minérales naturelles. Il en coûtait 0,90 fr le litre de Contrexéville, 0,80 pour une eau de Vichy, 1,25 le litre de Mont-Dore, livrable également…

Rappelons qu'à cette époque, Etienne, manoeuvre-vigneron dans l'Yonne gagne 1,50 fr par jour travaillé et que Gérard porteur d'eau à Paris gagne 3,50 fr par jour travaillé...

Une première fontaine marchande, celle de la « Boule Rouge » (actuelle rue de la Boule Rouge, 9ème ardt), vend de l’eau filtrée dès 1821, notamment aux restaurants et cafés, mais il faut attendre la fin des années 1830 pour que plusieurs autres fontaines marchandes de la ville de Paris vendent de l’eau de Seine filtrée et que le procédé se généralise dans la décennie suivant aux 15 fontaines marchandes. Il s’agissait d’eau provenant des pompes à feu de Chaillot et du Gros Caillou que filtraient principalement 2 sociétés grâce à un procédé d’eau sous pression permettant un débit correct.

Les filtres sont bien décrits par Belgrand :

L’eau filtrée par la compagnie Vedel ,ou compagnie Française, passait à travers un disque en tôle perforé, 25 cm d’éponges, 25 cm de grès pulvérisé et 20 cm de sable, retenu par un autre disque en tôle perforé.

Source : Eugène Belgrand "Les anciennes eaux"

Source : Eugène Belgrand "Les anciennes eaux"

La compagnie Souchon utilisait 3 couches de 20 cm de laine « tontisse » séparée par 2 grillages et, les 60 cm étant comprimés au moyen d’une vis, entre deux disques en tôles perforées. La fréquence de nettoyage ou changement des filtres se faisait selon l’appréciation visuelle de la clarté de l’eau.

Les compagnies facturaient le filtrage à la ville de Paris 0,06 fr le m3. La ville revendait l’eau de Seine filtrée aux porteurs à tonneaux 0,90 fr le m3, et 0,02 fr les 20 litres aux particuliers ou porteurs à bretelles, mais les porteurs à bretelles évitaient en principe les fontaines marchandes. L’abreuvement d’un cheval se facturait 0,05 fr.

 

Soyons clair sur la qualité des eaux parisiennes, car de nombreuses informations erronées abondent à ce sujet.

En 1863, le médecin, pharmacien, et chimiste Antoine Baudouin Poggiale, spécialiste des eaux, produit une étude sur les eaux potables devant l’Académie de médecine.

S’agissant de Paris, il entend couper à toutes les rumeurs et se montre extrêmement formel, seule l’eau vendue par la Compagnie des Célestins est correctement filtrée. Les eaux des fontaines marchandes ne le sont que très imparfaitement. Quand aux eaux des aqueducs, de l’Ourcq ou de la Seine (hors cubage marchand) elles n’étaient aucunement filtrées si ce n’est pour les cours d’eau par des grilles métalliques que l’on a déjà évoqué.

Et Antoine Poggiale regrette qu’une fontaine filtrante domestique coûtant 15 à 20 fr, tous les ménages modestes ne peuvent en disposer chez eux pour filtrer l’eau qu’ils consomment.

 

11. Les besoins en eau de la capitale

Un rapport de 1854 de Belgrand chiffre à près de 87 000 m3/jour les besoins minima en eau de la capitale. Ils se décomposent  en service privé et service public.

Le service public en requérait pas loin de la moitié pour le seul nettoyage des rues.

Le service privé fonctionnait par abonnements annuels uniquement souscrits par les propriétaires d’un bien immobilier.

Les quantités d’eau fournies étaient assez approximatives surtout dans l’abonnement dit au « robinet libre » dans lequel la consommation journalière d’un immeuble étaient estimée forfaitairement selon un certain nombre de critères dont le nombre d’occupants, la superficie, les animaux éventuels, les industries ou artisanats.

Sous peine d’amende, le robinet unique ou les robinets de l’immeuble ou de l’établissement devaient disposer d’un système imposant leur « ouverture » à la main pour éviter qu’on ne les laisse ouverts.

Un peu plus précis, l’abonnement à la jauge faisait arriver tous les jours dans une citerne de l’immeuble ou de l’établissement un cubage journalier défini à l’avance.

Les compteurs volumétriques n’arriveront que vers 1876 et leur précision sera longtemps approximative.

Belgrand indique qu’en 1859, les parisiens abonnés payaient annuellement 50 fr/an par quantité théorique d’1m3/jour d’eau de l’Ourcq, et 100 fr/an par quantité théorique d’1m3/jour d’eau de la Seine.

 

Service public en 1854 :

-29 fontaines monumentales qui requièrent 9910 m3/jour, en principe il est interdit d’y puiser…

-69 fontaines de puisage gratuites qui requièrent 4630 m3/jour et fonctionnent pour la plupart d’entre elles avec un robinet à repoussoir pour économiser l’eau

-poteaux d’arrosements et bouches d’incendie qui requièrent 5900 m3/jour

-bornes fontaines et bouches sous trottoirs qui requièrent 35 600 m3/jour. Il s’agissait en principe d’eau destinée au lavage des rues par effet de « chasse » en direction des ruisseaux de rues, qui allaient se déverser dans les bouches d’égouts.

Les bornes ou bouches étaient ouvertes à cet effet pendant une heure, vers 6h et midi en hiver, et une troisième fois en début de soirée à la belle saison. Bien entendu, les riverains modestes des 1938 bornes fontaines s’y précipitaient pour se servir en eau domestique.

 

Sont abonnés en 1854:

 -6229 maisons d’habitations ou immeubles (sur un peu moins de 30 000) qui requièrent 9120 m3/jour au niveau de la cour ou du rez de chaussée, rarement au delà du 1er ou 2ème étage, faute de pression, sauf quand une pompe privée d’immeuble monte l’eau une fois par jour pour la distribuer dans les étages où elle était stockée dans des réservoirs.

Pour comparaison, en 1840, 1716 maisons d’habitations ou immeubles étaient abonnés et 9900 en 1858.

-1165 établissements industriels et artisanaux qui requièrent 4118 m3/jour

-137 établissements de bains qui requièrent 2206 m3/jour

-102 lavoirs commerciaux qui requièrent 2380 m3/jour

-13 fontaines marchandes qui requièrent 1170 m3/jour

-Administrations à caractère national ou départemental qui requièrent 3931 m3/jour

-Etablissements municipaux parisiens alimentés qui requièrent 7818 m3/jour

 

Il est difficile de donner un décompte précis de la provenance de ces eaux tant cela pouvait varier selon les saisons, les eaux d’Arcueil pouvant débiter jusqu’à 1400 m3/jour dans des périodes de fortes pluies comme moins de 300 m3/jour durant la sécheresse de l’été 1859.

Tout au moins, quels que soient les chiffres, il est clair que dans la décennie 1850, bon an mal an, les 3/4 des eaux consommées à Paris proviennent du canal de l’Ourcq, un peu moins d’ 1/4 de pompages dans la Seine et 2 à 5% seulement des sources d’Arcueil, des sources du nord et du puits artésien de Grenelle.

 

Mentionnons que dans son enquête du « porteur d’eau » l’enquêteur Ernest Avalle qui brosse rapidement un tableau de la distribution de l’eau à Paris en 1858 évoque la fourniture quotidienne aux parisiens de 148 000 m3.  Le chiffre, tiré d’un mémoire du préfet Haussmann, rédigé en 1854, a été médiatisé à l’époque et est souvent repris.

Belgrand explique dans son « Historique du service des eaux de Paris depuis 1854 » pourquoi ce chiffre est faux.

Il s’agit d’une énorme surestimation liée à des calculs théoriques, par exemple eaux des sources calculées à leur plus haut débit ce qui était rare, eau de la Seine pompée comme si les machines fonctionnaient toutes 24h/24 à plein régime ce qui n’est absolument pas le cas, volume d’eau provenant du canal de l’Ourcq hautement exagéré alors que le diamètre trop faible des conduites maîtresses bloquait les débits, etc…

Il précise même que le volume d’eau requis de 87 000m3/jour en 1854 n’est alors jamais atteint et qu’il manque environ 1/3 du cubage requis quotidiennement, justement en raison des faiblesses cumulées du réseau.

 

J’ai choisi d’arrêter cette histoire de l’alimentation en eau de Paris aux alentours de 1858, mais disons quelques mots de la suite :

Eugène Belgrand, qui a réussit à convaincre le Préfet Hausmann va créer, pour Paris, à partir des années 1860, un double réseau d’alimentation en eau.

On aura d’une part un réseau d’eau non potable, issu des « anciennes eaux » principalement de l’eau du canal de l’Ourcq et de la Seine, destiné au lavage des rues parisiennes, à l’arrosage et aux « chasses » dans les égouts et d’autre part un réseau d’eau potable provenant de sources de bonne qualité, que l’on va chercher assez loin de Paris et que l’on amène dans des conduites à l’abri de toute pollution.

Les eaux de source seront complétées dans les années 1880 par de l’eau de la Seine traitée par des usines de filtration et d’épuration résolument modernes. Nous sommes désormais au temps de Pasteur…

D’ici la fin du siècle, le réseau d’eau potable desservira quasiment tous les immeubles parisiens et l’eau montera même dans les étages.

Il n’y aura plus de porteurs d’eau mais c’est le début d’une ère de confort inouïe pour les 2,7 millions de parisiens au virage du XXème siècle.

Eugène Belgrand ne verra malheureusement pas l’achèvement de son oeuvre, il décède en 1878. Certains de ses ouvrages ont donc été publiés « post mortem ».

 

Dans le prochain article, nous retrouverons, cette fois très concrètement Gérard, Elisabeth et leur famille dans leur cadre de vie et leurs occupations…

 

 

Notes :

 

(1°)« Les anciennes eaux » sont une mine d’or imprévue mais finalement assez logique en histoire du climat, puisque l’alimentation en eau de la capitale, comme les besoins en eau des habitants étaient fortement corrélés aux sécheresses, canicules, périodes de gel…

 

(2°) Emile-Etienne Mourot : né le 1er février 1848 à Neufchâteau dans les Vosges et décédé à Paris le 02 avril 1906, pourrait être le titulaire de « deux prix scolaires », un en « vers latin », l’autre en histoire, reçus au collège de Neufchâteau en 1865. Entré en 1867 à la direction des eaux de la Seine, il fait la campagne militaire 1870-71. On sait qu’il reçoit la légion d’honneur en 1896 et à cette date, il est chef de bureau de la direction des eaux du service de la Seine.

 

(3°) La consommation humaine de nitrates a t-elle vraiment la toxicité qu’on lui prête ?

Je l’ai pensé longtemps avant de découvrir que la consommation de légumes très riches en nitrates était très en vogue chez les sportifs et auraient des effets très positifs sur le système cardio-vasculaire au point qu’il existe désormais des aliments concentrés en nitrates pour les sportifs. Les nitrates pourraient avoir été injustement diabolisés.

https://observatoireprevention.org/2018/03/15/les-effets-des-nitrates-et-nitrites-sur-le-systeme-cardiovasculaire/

et

https://controverses.minesparis.psl.eu/public/promo13/promo13_G14/www.controverses-minesparistech-3.fr/_groupe14/wordpress/indexd36c.html?page_id=177

 

(4°) Les eaux de la Dhuis, un petit cours d’eau, affluent de la Seine, sont captés dans l’Aisne à Pargny-la-Dhuys à 89 km à l’est de Paris en ligne droite. Les eaux de la Vanne proviennent de plusieurs sources de l’Yonne, à 136 km au sud de Paris

L’aqueduc de la Dhuis est construit à partir de 1863 et est mis en service en 1866, l’aqueduc de la Vanne est construit à partir de 1866 et mis en service en 1875.

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