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Hbsc Xris Blog - A la poursuite du réel, historique et scientifique, parce que 1984, nous y sommes presque.

Archéologie, Histoire de l'agriculture, de l'élevage, de l'alimentation, des paysages, de la nature. Sols, faunes et flores. Les sciences de la nature contre les pseudos-sciences, contre l'ignorance, contre les croyances, contre les prêcheurs de l’apocalypse.

Le chat, une explosion inquiétante des populations

Affiche de sensibilisation de la SPA pour promouvoir la stérilisation des chats afin de limiter leur prolifération

Affiche de sensibilisation de la SPA pour promouvoir la stérilisation des chats afin de limiter leur prolifération

Histoire du chat en France avant le XXème siècle

Peu de gens en France, ont idée du fait que le chat fut jusqu’à une date récente un animal assez peu présent en France. 

L’idée qu’il fut toujours là et toujours présent en grand nombre dans tous les milieux ruraux français renforce, chez les ignorants, la conviction que le chat est un animal inoffensif.

 

Arrivé d’Asie Mineure dans l’Antiquité, le chat était connu des Romains qui semblent l’avoir introduit en Gaule.

Il est extrêmement difficile de faire l’histoire du chat en France, tant il apparait peu dans les archives et les textes du passé. 

On le rencontre pourtant dans le roman de Renart, sous les traits du truculent Tibert le chat.

Les ossements de chats sont également rares dans les fouilles de sites archéologiques antiques et médiévaux.

On en trouve cependant quelques traces dans des lieux (monastères, châteaux) où se trouvaient des locaux de stockage de céréales et où il pourrait avoir été enfermé à demeure pour éradiquer les rongeurs comme il le sera jusqu’à une époque récente dans la pièce de stockage de farine du boulanger ou du meunier.

Une certitude, il fut longtemps honni et condamné par l’église comme un animal du diable.

Jusqu'au XVIIIème siècle sont régulièrement narrés les massacres rituels de chats lors de période de fêtes en particulier à Carnaval, ou à la Saint Jean. 

Lorsque la chat commence à apparaitre plus communément dans la littérature c’est souvent en opposition du chien, compagnon fidèle omniprésent dans le sillage de l’humain depuis des millénaires et précieux gardien de la maison ou de la ferme. 

Le chat est à l’opposé décrit comme un animal fuyant, infidèle, affublé de tous les défauts jusqu’à l’extrême. 

Pourtant petit à petit au cours des XVII, XVIII, XIXème siècle, il trouve sa place, notamment auprès des femmes de la bourgeoisie ou de l’aristocratie, qui l’apprécient comme un animal de salon suffisamment propre pour prendre place sur des genoux ou sur un canapé, facile à vivre, racé, et élégant et même affectueux. 

C’est le début d’une sélection des races de chats et de l’importation de races rares depuis des contrées exotiques.

Les premiers écrits d’amis des oiseaux, on disait encore peu ornithologues évoquant la prédation des petits passereaux par les chats qui se « répandent » hors des salons bourgeois et aristocratiques date de la fin du XIXème. 

En général, les problèmes sont, à cette époque, aussi rapidement évoqués que résolus, on massacre les matous. L’affaire est pliée.

 

Jusque dans les années 50-60, le chat semble avoir été assez peu répandu partout en France, même si déjà, il était plus présent dans les zones urbaines et chez les gens aisés. 

Lorsqu’il existait en quelque lieu campagnard, sa reproduction était freinée par des mesures communes de destructions des chatons nouveaux nés. Cela fait scandale aujourd’hui mais autrefois, il n’y avait pas de stérilisation et  c’était parfaitement ordinaire d’étrangler ou noyer des chatons pour empêcher la prolifération du chat.

Rappelons l’excellente affiche de la SPA, il y a quelques années, une chatte est féconde à 6 mois, elle porte 2 à 3 fois par an pendant une durée de 2 mois des portées moyennes de 4 chatons. Si tous les chatons de toutes les portées survivent successivement, il en résultera en 4 ans 20 700 chats.

 

Les gens des campagnes n’aimaient pas les chats, pour des raisons simples : les volailles étaient en liberté dès l’âge de quelques semaines et les clapiers à lapins souvent rudimentaires. 

Or tout le monde, dans les campagnes, absolument tout le monde, avait au moins quelques poules pour les oeufs, et pour une vieille poule au pot de temps en temps, et des lapins pour le civet des dimanches de fêtes.

Ces 2 petits élevages de subsistance ne font pas plus bon ménage avec les chats, qu’ils ne font bon ménage avec les belettes, martres, fouines, renards, fanatiquement exterminés autrefois dans toutes les campagnes.

 

Personnellement, autant je me souviens d’une omniprésence des chiens qui correspond avec les études historiques, je n’ai guère de souvenir de chat dans les campagnes françaises des années 60, tout au plus chez quelques vieilles personnes âgées qui évitaient d’ailleurs de les laisser errer et les gardaient dans leur grande cuisine à vivre, souvent couché dans une panière remplie de chiffons près du vieux poêle.

Il faut remarquer que la présence de chiens un peu partout limitait également fortement les espaces vitaux des chats. Et le chien, qui est un bon chasseur de chat est un piètre chasseur d’oiseaux, déjà pour la simple raison qu’il ne grimpe ni aux arbres, ni dans les haies. 

Les chiens ne constituent un danger pour les oiseaux que quelques jours par an, lorsque les oisillons sortent du nid car ils sont à terre et volent mal. N’importe quel observateur de la nature sait exactement quand les oisillons des nids de son jardin, vont « sauter » du nid et le bon sens est d’enchainer son chien ou de le rentrer durant les quelques jours fatidiques.

Malheureusement, partout les populations de chiens diminuent, 7 à 8 millions seulement pour un animal si omniprésent autrefois. 

Et oui, un chien cela demande de l’attention, de la présence. On ne peut pas partir en vacances comme l’on veut. Il faut le promener si on a un petit jardin, etc…

L'expansion des population de chats en France au XXème siècle.

Les chats se sont répandus progressivement en France au cours du XXème siècle selon 3 vagues qui furent 3 catastrophes successives pour la petite faune aviaire.

 

La première catastrophe ; les zones pavillonnaires des grandes villes :

Les chats se sont d’abord répandus dans les zones péri-urbaines des grandes villes lorsque les constructions pavillonnaires se développèrent dans les années 30, en général uniquement le long des axes de transport en commun ou le long d'axes routiers proches des villes, permettant des déplacements limités en distance, grâce au vélo qui se démocratisait.

Interrompue par la 2ème guerre mondiale, les constructions pavillonnaires  reprenèrent massivement dans les années 50-60, soutenues par le développement des réseaux de transports en commun ainsi que par la démocratisation de l’automobile. 

Jusque dans les années 80, la présence quasi constante d’un chien, dans beaucoup de familles vivant dans ces zones pavillonnaires, semble avoir limité les possibilités de prédation des chats.

 

La seconde catastrophe : la densification des zones pavillonnaires anciennes et l’extension des zones péri-urbaines 

A partir des années 80-90, des modifications massives de POS entraînèrent des subdivisions de parcellaires absolument impensables  dans les zones pavillonnaires anciennes extrêmement lâches. 

Suivant les endroits, on passa de 1000 à 3000m2 de terrain voir plus, à des parcelles de 500m2 puis lors de nouvelles subdivisions à des micro-parcelles de 150 à 300m2.

La demande immobilière fut cependant telle que cela ne suffisait pas. Tout un chacun voulait « sa » maison, « sa » terrasse », « son » barbecue.

Au delà des zones pavillonnaires péri-urbaines datant déjà de presque un demi siècle, des programmes de construction à bas prix dévorèrent de vastes espaces agricoles dans les villages proches ou assez proches des zones périurbaines. Peu importait que les gens aient 10km ou 20 km à faire pour accéder à une gare RER, le bas prix des maisons justifiaient tous les argumentaires des constructeurs-destructeurs.

Là aussi, on saccagea de bonnes terres pour les bétonner et les goudronner en micro-parcelles.

Bien sûr la densification inouïe de l’habitat entraina une arrivée massive de chats. Et changement de peuple, changement de moeurs, les chiens assez nombreux autrefois se firent rares. 

Les nouveaux arrivants ne voulaient ni s’embarrasser d’un potager, ni d’un chien, les 2 sont des contraintes et exigent soins et attention au quotidien.

 

Là où nous avions acheté, dans l’Essonne début des années 1990, nous nous étions installés dans un endroit qui était encore presque la campagne.

Ici et là des champs, ou des friches oubliées, encore quelques vergers exploités, ailleurs des masures de week-end, et des modestes pavillons avec des retraités qui cultivaient amoureusement leurs jardins et leurs arbres fruitiers, avec quelques poules et quelques lapins. 

Et au fil des années, à l’exception de notre petite propriété cultivée à l’ancienne en verger et potager, tout se fractionna autour de chez nous au fur et à mesure des décès de personnes âgées. Les vielles masures comme les modestes pavillons furent arrasées, les vergers arrachés, des nouvelles routes de dessertes créées et des maisons s’élevèrent sur les anciens potagers.

Et avec les nouveaux arrivants, les chats, rares à notre arrivée, affluèrent.

Dans la journée, la présence de nos chiens dans le vaste jardin en protégeait les oiseaux. Mais les nuits, insécurité grandissante faisant, nous ne les laissions pas dehors, et nous les rentrions à l’intérieur.

Et nous avons vécu le massacre progressif de nos passereaux avec une terrible impuissance.

La fenêtre de la chambre donnant sur le jardin, nous la gardions ouverte au printemps et lorsque nous entendions les cris terrifiés des oiseaux nous nous levions pour faire fuir les chats, mais nous avions un travail et ne pouvions passer les nuits debout.

Certains matins, il fallait aller ramasser les oisillons massacrés, parfois à peine sortis de l’oeuf, parfois petits boules de plumes à qui il avait juste manqué quelques jours pour s’envoler.

Au fil du temps, adieu mésanges, merles, rouge-gorges, rouge-queue, pinsons, verdiers, bouvreuils chardonnerets, etc……. ne sont restés que les moineaux nichant sous les toits et donc inaccessibles aux chats.

 

La troisième catastrophe : l’arrivée des rurbains dans les campagnes

Dans les années 60, l’exode rural libéra de nombreuses maisons dans les campagnes. Elles furent souvent mis en vente pour des bouchées de pain et des gens des villes les achetèrent massivement pour en faire des maisons de week-end et/ou de vacances, faisant souvent de beaux travaux de restauration.  

Ce fut la première vague d’arrivée des chats, qui resta cependant limitée, les gens n’habitant pas là à demeure.

Puis un bouleversement sans précédent est intervenu dans les années 1990-2000 lorsque deux catégories de personnes arrivèrent dans les campagnes. 

D’une part des urbains de la génération du baby boom, qui arrivés à l’âge de la retraite, sous l’effet des débuts de la mode écolo, ont quitté les villes ou les zones pavillonnaires péri-urbaines pour venir s’installer dans les campagnes. D’autre part des urbains toujours en activité ont commencé à s’installer dans les campagnes pour y vivre tout en continuant à travailler en ville. 

Ces deux catégories de personnes, souvent définis aujourd’hui comme des rurbains, sont arrivés avec leurs chats, rarement un seul, souvent deux ou trois.

Et ce fut également une hécatombe aviaire.

 

Dans la campagne Bourguignonne où vit toujours ma mère, et qui fut autrefois un enchantement en terme de faune avicole, l’arrivée des rurbains et de leurs chats a entrainé en une dizaine d’années la quasi disparition de tous les petits passereaux, massacrés par les chats. 

La situation est telle qu’en l’absence d’un chien chasseur de chat dans le jardin, il faut se barricader contre les chats qui sont partout.

Grillage tendus sur les grilles des fenêtres du sous sol pour pouvoir les ouvrir sans intrusion de chats, portes grillagées coulissantes en doublure des portes de véranda pour pouvoir les laisser ouvertes sans vol de nourriture ou pipi de chat dans un coin, cabanes de jardins qu’il a fallu daller, calfeutrer, verrouiller pour éviter que les lieux servent de « wc » à chats et passons sur le potager dont les semis sont régulièrement grattés et saccagés par les chats. 

A cette occasion, j'ai découvert l'explosion d'un nouveau marché commercial : celui de l'anti-chat.

Au programme, herses anti-chats à fixer sur les murs, les grillages ou les portails, répulsifs anti-chats, ultra sons anti-chats, jets d'eau solaires anti-chats et le must : la lampe spéciale pour détecter les pipis de chats qui sont tout de même entrés chez vous.

Ne serait-il pas temps de prendre le problème au sérieux ?

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